Cette semaine, notre nouveau Premier Ministre a (enfin) été nommé : il s’agit de Michel BARNIER, qui appartient au groupe LR (Les Républicains).
Nous attendons maintenant de connaître notre futur ministre de la santé… (Pour rappel, il s’agira du 8ème ministre de la santé depuis la première élection d’Emmanuel Macron)
De notre côté, nous sommes en train de rédiger un mémo sur l’état actuel du système de santé et nos solutions, qui sera à destination des députés élus au début de l’été. Nous vous tiendrons au courant dès qu’il sera prêt.
En cette fin d’été, nous avons vu surgir un éternel débat sur la PDSA (Permanence des Soins Ambulatoires) : faut-il la rendre obligatoire ?
Pour rappel en quelques mots : contrairement à ce que semble penser le Pr Jean-Luc JOUVE (qui dénonce l’absence d’implication des libéraux dans la PDSA) : la permanence des soins ambulatoire est assurée quotidiennement sur 97% du territoire français.
Notre source : l’enquête du Conseil National de l’Ordre des Médecins que vous pouvez retrouver ici.
Voici le récapitulatif du Dr Mélanie RICA-HENRY à propos de la multilatérale de ce matin (réunion de négociation conventionnelle entre la CNAM et tous les syndicats).
Le Dr Mélanie RICA-HENRY, présidente de Médecins Pour Demain était présente aux côtés de l’UFMLS, les Dr Pierre Louis HELIAS et Ephrem MENAGER, qui sont vice-présidents de l’association, étaient respectivement aux côtés de la FMF et du SML.
Bonjour à tous,
Concernant la forme, nous avons découvert les propositions chiffrées ce matin en séance. Les diapositives disponibles auparavant ne présentaient pas ces propositions, nous avons donc dû faire expliciter certains points, et cela a pris un peu de temps. La réunion s’est donc un peu éternisée.
Concernant le contenu : ils ont commencé par les spécialistes d’organes avec l’APC à 60 €. Ils ont fait préciser que l’APY serait bien à 67,50 €.
Ensuite ils sont passés aux cumuls des actes. Le cumul serait possible entre une consultation et certains actes en rhumatologie, en gynécologie ou en pneumologie, comme l’infiltration / la ponction d’épanchement articulaire, la pose ou l’ablation de stérilet, la spirométrie. Ce cumul pourrait aussi être utilisé par les MG.
Par contre la règle du cumul (un deuxième acte à 50%, troisième acte à 0€) ne changera pas.
Par ailleurs, ils ont aussi parlé des actes CCAM qui vont être majorés, le temps que la refonte de ces actes CCAM soit faite d’ici 2026. La majoration serait de 5 à 10 % en fonction des actes, il y aurait ensuite d’ici 2 ans une modification de tous les actes CCAM.
Ensuite nous sommes passés aux consultations de suivi en établissement qui pourraient également bénéficier de revalorisations.
Enfin la consultation longue : alors ce n’est pas du tout ce que vous pensez. Effectivement une consultation longue, on pourrait imaginer que ça soit sur le même mode que la VL.
Et bien non, la consultation longue serait réservée uniquement aux personnes âgées de plus de 80 ans et elle serait seulement cotable une fois par an, dans 4 situations et notamment la sortie d’hospitalisation.
Je vous rappelle qu’aujourd’hui pour les sorties d’hospitalisation, on peut coter MIC ou MSH, et ce pour tous les patients, quel que soit leur âge, et plusieurs fois par an (pas de limitation en nombre).
Même si Marguerite CAZENEUVE nous a dit que ces cotations (MIC et MSH) n’étaient que très peu utilisées aujourd’hui, on y perd clairement, puisque aujourd’hui nous pouvions coter pour tout le monde, et plusieurs fois par an à 46 €.
Nous ne pourrons à l’avenir plus que coter 60 euros, seulement pour les plus de 80 ans et une seule fois par an. On sera donc clairement perdants dans l’histoire, sachant qu’ils nous ont également intégré la consultation pour un premier certificat MDPH, mais qui est déjà aujourd’hui cotable à 60 euros (MPH).
Le compte n’y est donc pas.
Cette consultation longue n’est pas du tout satisfaisante pour le moment. Ils n’ont pas du tout évoqué le C, ni le G. On imagine donc qu’ils restent sur ce qu’ils nous ont proposé la dernière fois.
Il n’y a pas non plus de calendrier d’application de ces revalorisations.
Les négociations sont donc encore loin d’être finies.
Des points à noter toutefois sur la PDSA.
Il y aura des actes avec des majorations comme c’est prévu actuellement. Il sera possible également de coter 10 € en plus pour les visites à domicile régulées, en plus du SNP ou du MRT.
Il y aura également la possibilité d’avoir des majorations pour les médecins qui souhaitent travailler sur les heures de PDSA non régulées. Un médecin qui souhaiterait travailler le samedi après-midi par exemple, pourrait coter des majorations, à condition que les rendez-vous soient des rendez-vous d’urgence, non programmés à l’avance. Et encore faut-il vouloir travailler le samedi après-midi. Mais pourquoi pas.
Et puis notons l’impossibilité de coter ces majorations pour les téléconsultations, ce qui permettrait d’éviter les dérives.
Ensuite nous sommes passés au forfait médecin traitant, qui, vous le savez, a été refondu. La CNAM prétend avoir supprimé les ROSP, mais au final on les intègre au forfait médecin traitant, avec des rémunérations en fonction des profils des patients qui auront effectué ou pas leur dépistage.
Je vous rappelle que même si nous mettons toute la bonne volonté du monde pour que nos patients se dépistent, ça reste quelque chose qu’ils décident par eux-mêmes ce qui amène à une certaine injustice. En fonction de sa patientèle, le médecin aurait des bons ou des mauvais élèves, il serait moins bien ou mieux rémunéré. Nous sommes clairement contre cette mesure.
Par ailleurs, ils nous ont également ressortis les objectifs collectifs. Il y avait une quinzaine d’objectifs collectifs à remplir sur les cinq prochaines années, avec des objectifs de plus « tant » de pourcentage par an. J’ai donc fait expliciter : c’est bien plus « tant » de pourcentage par an sur cinq ans. Donc quand ils nous demandent d’augmenter collectivement notre patientèle médecin traitant de plus 2 % par an, cela veut dire qu’au final, sur 5 ans on pourrait atteindre un objectif de quasiment + 10 voire 15 % de patientèle médecin traitant. C’est la même chose pour la file active. Je ne vous parle pas des autres objectifs, qui semblent inatteignables. Le compte n’y est donc pas.
Quand on leur demande ce qu’il se passera si on les atteint pas, la réponse est : « on ne sait pas ».
Si jamais on atteint des objectifs comme celui de réduction des coûts, on leur a demandé de pouvoir récupérer sur ces économies. Ils sont ok sur le principe, sauf que quand on regarde la proposition, au final, la grande partie de ces économies reviendra à la CNAM.
Les médecins pourront donc bénéficier d’une partie de ces économies, sachant que nous aurons des objectifs collectifs si cette convention est signée.
Par contre, l’intéressement sera individuel. Il y a donc une complète incohérence.
Concernant l’intéressement individuel : il serait calculé selon si vous faites des efforts ou pas. Un médecin aujourd’hui qui est un bon élève en termes de prescriptions, etc, ne pourrait pas bénéficier de cet intéressement, contrairement à un médecin qui aujourd’hui pourrait prescrire un peu » moins bien » mais qui pourrait améliorer ses prescriptions et qui se verrait bénéficier de ces rémunérations.
On voit donc une nette injustice entre les différents praticiens et nous sommes de toute façon complètement contre ces rémunérations sur objectifs encore une fois.
Voilà, beaucoup de choses dans ces diapos, beaucoup de moins bon, un peu de bon quand même, on peut le noter.
A la fin, il y avait des diapos sur l’écologie de nos prescriptions : on aurait des compteurs (?). Cela reste anecdotique.
C’était un peu surréaliste d’ailleurs à la fin.
Et encore une fois, je vous le répète, nous n’avons pas de calendrier d’application de toutes ces propositions. Ils nous ont précisé que nous nous reverrons d’ici 15 jours, 3 semaines : soit le 28 mars soit le 4 avril. On vous précisera cette date quand on en aura connaissance. Nous restons sur notre faim, encore une fois.
On voit bien que les budgets ne sont pas là, et que s’il n’y a pas une volonté politique d’investir dans la médecine de ville, et bien la CNAM et ses dirigeants font avec ce qu’ils ont : ils rafistolent, changent des annotations, changent l’emballage, mais le fond est le même.
Alors je vous le rappelle, aujourd’hui nous n’avons pas d’autre choix pour faire pression que cette menace de déconventionnement collectif.
Je vous rappelle que MPD s’est rallié à cette action de déconventionnement collectif qui a été initiée par l’UFML. La FMF et les COMELI se sont également ralliés.
Plus nous serons nombreux à avoir signé notre lettre d’intention et plus nous aurons de poids face à la CNAM, mais surtout face à nos dirigeants.
Car ce sont eux, nos gouvernants, qui décident des budgets alloués à la santé et notamment aux soins de ville.
C’est notre dernière chance pour faire pression, pour pouvoir enfin avoir des rémunérations attractives et pour pouvoir enfin attirer nos confrères dans les soins de ville.
Et puis, pour ma part, pour ceux qui ont pris leur billet, je vous retrouverai au séminaire sur le déconventionnement qui a lieu ce week-end en Corse.
Juillet et août sont des mois propices aux vacances. Vacances pour des millions de français, grandes migrations vers des lieux de villégiatures, de repos, de silence et de calme.
Chacun va chercher son petit coin de paradis, son petit désert et cela tombe bien puisque 84 % du territoire français est un désert. Désert médical certes, mais désert tout de même.
Il n’existe pas de zones surdotées en médecins libéraux et pourtant certaines personnes essayent de vous faire croire l’inverse. 84 % du territoire est un désert médical c’est à dire que seul 16 % du territoire offre un accès à un médecin libéral de manière satisfaisante.
Juillet et août, période estivale, période de vacances pour beaucoup. Repos, soleil, calme pour certains et pathologies estivales pour d’autres. Que cela ne vous effraye pas pour autant car 96 % du territoire sera couvert par la permanence de soins.
L’engagement des médecins libéraux est exceptionnel et remarquable puisque malgré un désert médical couvrant 84 % du territoire français, la quasi totalité de la permanence de soin est assurée, été comme hiver, du lundi au dimanche, de jour comme de nuit. Le courage et l’engagement des médecins libéraux tout au long de l’année ne sont pas juste des mots mais un état de fait.
L’activité du médecin libéral est variée. Elle permet de gérer 96% des urgences en amont de l’hôpital et évite dans 90 % des cas un passage aux urgences.
Et pourtant, on essaye encore de faire croire aux français que les médecins libéraux ne travaillent pas suffisamment, qu’ils ne sont pas assez présents, pas assez disponibles, pas assez actifs et qu’il faudrait qu’ils fassent encore plus. Quelle autre profession peut annoncer que 30 % de ses actifs ont plus de 60 ans ? Oui, 30 % des médecins ont actuellement plus de 60 ans. Ces mêmes médecins travaillent entre 50 et 60 heures par semaine, assurent les permanences de soins comme 40 % de leurs confrères et assureront sans repos compensateur leurs consultations après leur garde afin de vous offrir un accès aux soins satisfaisant.
Surmenage, burn out et suicides…. sont le lot de plus de 50 % des médecins. Si vous avez encore la chance d’avoir un médecin, sachez qu’il a près de 3 fois plus de risques de se suicider que la moyenne nationale et avec un suicide d’interne tous les 18 jours, cela va compliquer un peu plus votre prise en charge cet été. Quoi de plus logique ? Assurer des soins à ses patients plus de 55 heures par semaine sur un territoire qui est un désert médical à hauteur de 84 %, faire que 96 % des permanences de soins soient assurées, cela épuise, cela détruit, cela fait fuir et cela tue.
Et pourtant, le médecin libéral est toujours là, toujours présent et prêt à se donner au-delà de ses forces mais pour combien de temps encore ?