Depuis Juin 2023, le gouvernement (Bruno Le Maire, Elisabeth Borne, le nouveau ministre de la santé Aurélien Rousseau) et la CNAM mènent une campagne mensongère sur l’explosion supposée des « indemnités journalières ». Il s’agirait, entre autres, de « responsabiliser » et de « mettre sous objectif » les médecins qui prescriraient « trop d’arrêts maladies ».
Or, dans son rapport d’Août 2023 validé par l’Autorité de la statistique publique, la CNAM reconnaît une baisse de 14,5% des indemnités journalières (IJ) maladies sur la période « janvier – mai 2023 » versus la même période 2022. Une baisse de 9.5% toutes IJ confondues.
Rappelons d’abord que la « mise sous objectif » des médecins est anti-déontologique : on ne peut soumettre nos prescriptions individuelles, issue du colloque singulier médecin/patient, à des contraintes budgétaires imposées. On ne peut pas demander sous prétexte d’économies à un médecin de baisser « de 20 à 30% » ses prescriptions d’arrêts maladies au mépris des caractéristiques socio-démographiques de sa patientèle et de la décision médicale prise au terme d’une consultation complexe intriquant des facteurs bio-psycho-sociaux.
Lors des « entretiens » avec leur CPAM, les médecins se voient reprocher un nombre total d’indemnités journalières sans que l’on puisse leur reprocher d’arrêts injustifiés. Délit statistique.
Plus encore, le ministre Rousseau disait encore le 27 août 2023 que la hausse des arrêts maladies n’était « pas soutenable ». Ils avaient « bondi en 2022 de 7.9% ». Faut-il encore rappeler le contexte ? Explosion des troubles psychiatriques post-covid, délais d’accès aux examens complémentaires, spécialistes et kinésithérapeutes interminables, déprogrammations des interventions chirurgicales, raréfaction des médecins du travail, augmentation des actifs, recul de l’âge de la retraite (+4.2% d’IJ par an selon la cour des comptes pour la retraite à 62 ans).
Les médecins généralistes en sont-ils responsables ? Votent-ils le budget ? Le PFLSS ?
Faut-il rappeler que dans une publication de 2020, la DARES rapportait l’ampleur du présentéisme en France : les salariés se sont rendus à leur travail malgré un arrêt « plus d’un jour sur quatre ».
Ne faudrait-il pas responsabiliser les employeurs ? Revoir l’organisation du travail et les méthodes managériales, interroger davantage les salariés sur leurs conditions de travail pour déceler les problèmes liés à leur activité ? Accompagner les fragilités sociales, renforcer la prévention ? Peut-être est-il plus simple de taper sur les médecins que d’en discuter avec le MEDEF ?
Avec une telle baisse en 2023, comment comprendre les propos de Bercy et du ministre de la Santé ? A-t-il accès aux chiffres de la CNAM ? Est-ce de l’ignorance, de l’incompétence ou du mensonge ?
Annexe :