Récapitulatif de cette semaine du 29 janvier 2024 : discours de Gabriel ATTAL, voeux du CNOM, focus DOM TOM et Corse, données de santé hébergées par Microsoft.

Récapitulatif de la semaine du 29 janvier par la Présidente de MPD : Mélanie RICA HENRY.

Mardi a eu lieu le discours de politique générale de Gabriel Attal. Vous avez dû voir passer la réponse de MPD (nous vous la remettons dessous) et vous pouvez la lire ici

L’obligation de garde a à nouveau été ressortie du chapeau et vous avez, logiquement, été nombreux à réagir à ce propos.

Ces propositions sont toujours les mêmes depuis 18 mois que Médecins pour demain existe, ce sont des propositions démagogiques qui n’améliorent pas l’accès aux soins. 

On le dit depuis 18 mois maintenant, nous sommes tout à fait disposés à leur faire part de nos propositions, qu’ils n’hésitent pas à nous solliciter et nous répondrons positivement.

Nous avons été invités aux vœux du Président du CNOM : François Arnault.

Nous avons détaillé son contenu dès le lendemain sur nos réseaux. Ce que je peux vous noter c’est que les politiques ont brillé par leur absence et notamment la ministre du travail et de la santé qui était invitée comme l’a précisé François Arnault et qui n’a pu venir pour des problèmes de planning à priori. Cela montre quand même le peu d’intérêt que les politiques ont envers les médecins et envers leur avis sur l’amélioration de l’accès aux soins… Ce qui est assez inquiétant. 

Les négociations conventionnelles se sont poursuivies également entre les médecins libéraux et la CNAM, puisque mercredi avait lieu un focus sur les DOM-TOM. Focus qui n’était pas prévu initialement au programme et qui a été ajouté à la demande des syndicats. Lors de ce focus, toujours pareil, la CNAM écoutait et les syndicats proposaient. Les propositions sont identiques à ce qui a été fait auparavant. La seule chose, c’est qu’il a été ajouté la demande que la Corse soit intégrée dans le dispositif des DOM-TOM, qui permet de pouvoir avoir un tarif majoré de 30% par rapport au tarif métropolitain, en raison d’une spécificité insulaire. C’est-à-dire qu’ils ont des distances majorées, une population plus âgée, et un accès aux spécialistes plus difficile.

Je vous rappelle par ailleurs que la multilatérale où nous sommes censés avoir les propositions de la CNAM aura lieu ce 8 février prochain. Multilatérale qui devait avoir lieu le 25 janvier et qui a été décalée de 15 jours. 

Nous attendons avec impatience les propositions de la CNAM et nous n’hésiterons pas à faire savoir notre avis sur ces propositions dès jeudi soir. 

Par ailleurs, vous avez vu passer aussi cette semaine une information assez inquiétante puisque la CNIL a accepté que nos données de santé soient stockées chez Microsoft, géant américain, qui je vous rappelle, dépend de la législation américaine quant à ce stockage de données de santé. 

Vous pouvez donc tout à fait en faire part à vos patients, nous avons fait une affiche à ce sujet. (disponible au téléchargement en bas de cet article.) Abordez le sujet avec eux, essayez de leur faire comprendre le danger que cela implique, vous pouvez tout à fait leur proposer de fermer leur DMP, la plupart des patients n’en n’ont d’ailleurs pas connaissance. Il est important que les patients prennent en main les données de santé qui leur appartiennent. 

Et puis je vous rappelle que Médecins pour Demain a besoin de vos adhésions. 

L’adhésion se fait par année civile, si vous n’avez pas encore adhéré en 2024, n’hésitez pas !

Vous pouvez aussi demander à vos proches qui ne sont pas médecins de nous soutenir en étant membres bienfaiteurs, n’hésitez pas, ça nous permet d’avoir non seulement du poids au niveau des médias et de la CNAM, mais l’argent récolté permet aussi de financer tous nos déplacements, l’achat des logiciels qu’on utilise pour nos vidéos, pour nos affiches, etc. Donc n’hésitez pas à nous soutenir.

Adhésions à notre association ou donations ici sur Hello Asso

Résumé des vœux du président du CNOM le 30/01/2024 : partagé le lendemain sur nos réseaux sociaux

  • « A soutenu l’importance de la coordination territoriale des soins (sans parler véritablement des CPTS. Chacun peut interpréter à sa manière), dans le respect des compétences de chacun, et a insisté sur ce point.
  • A abordé la fuite des médecins et particulièrement en médecine générale, et a insisté sur la nécessité de revalorisation de la profession et « tire la sonnette d’alarme », sans vouloir intervenir dans les négociations conventionnelles
  • A évoqué la VAE, pour donner la possibilité aux médecins (en cette période de pénurie) de pratiquer dans d’autres activités si ils ont été formés
  • A abordé le sujet de la reconnaissance des médecins étrangers, disant vouloir être plus souple, pour les médecins hors UE, surtout si ils ont une notoriété de compétence dans un domaine. Donc probablement un peu plus de cas par cas
  • A abordé la problématique du développement de la médecine esthétique sans contrôle, et la nécessité de mieux l’encadrer
  • A souligné la nécessité de mieux protéger légalement la dérogation au secret médical que constitue le signalement de maltraitance
  • A souligné la reconnaissance de la part du Président de la République de la difficulté des études de médecine, mais n’a pas aborder le sujet de la réforme actuelle qui pose problème à notre sens

Notre présence a été plutôt appréciée de la part des différents protagonistes.

On notera qu’étaient présents les conseillers ordinaux nationaux, les représentants de syndicats, des représentants de certaines associations, mais que peu de politiques avaient fait le déplacement. L’avis des médecins sur l’avenir du système de santé, ne semble pas leur apporter plus d’intérêt que cela… »

Vous pouvez nous retrouver sur les réseaux sociaux : Facebook (groupe privé), Instagram, X (ex Twitter)

A noter que nous avons maintenant une chaine Youtube ! Elle est plutôt destinée aux patients.

Lettre de réponse à Gabriel ATTAL, Premier Ministre, suite à son discours de politique générale le 30 janvier 2024

Paris, le 31/01/2024

Monsieur le Premier Ministre,

« Le propre d’une société humaine est de regarder en face l’avenir qui se dessine devant elle », dites-vous.

Effectivement, nous nous accordons sur ce point. Vous souhaitez « construire les bonnes solutions » et « corriger ce qui doit l’être ». Nous nous en réjouissons et nous nous tenons à votre disposition pour vous apporter notre éclairage sur l’état du système de santé actuel en France, et plus particulièrement en ville.

Votre génération, ma génération, est en proie au doute, notamment sur notre modèle social.En effet, en moins de 10 ans, l’accès aux soins en France s’est dégradé à vue d’oeil. Il ne tient qu’à nous de changer la dynamique.

Vous êtes là, dites-vous, parce que vous voyez davantage de raisons d’espérer que de douter. Nous en sommes heureux car notre volonté d’améliorer les choses est identique.

Vous parlez de la France comme « un idéal », avec notamment « un modèle social protecteur envié dans le monde entier ». Certes, mais cela n’est plus. Malheureusement, aujourd’hui votre projet (et celui du Président de la République) n’a de cesse que de nous emmener droit vers un système de santé à 2 vitesses, un NHS, modèle anglo-saxon, qui n’a pas brillé par son efficacité ces dernières années.

Pourquoi ne pas écouter les acteurs de terrain, qui aiment profondément leur métier, mais qui par épuisement, désillusion, se retrouvent désabusés et contraints de quitter le navire, juste pour sauver leur peau ?

Pour qu’un soignant puisse prendre soin des autres, il est nécessaire qu’il prenne avant tout soin de lui. Quand les soignants auront disparus, qui sera là pour soigner les Français ? Nous sommes animés par la même envie d’améliorer le quotidien des Français, mais malheureusement, force est de constater que vos propositions sont très mal perçues par la communauté médicale.

  • Vous dites vouloir plus de médecins. La suppression du numérus clausus n’est malheureusement qu’un feu de paille, car les facultés sont limitées par leurs capacités d’accueil. Régulariser les médecins étrangers est une bonne chose, mais pensez-vous réellement qu’aujourd’hui la France peut encore attirer les médecins étrangers, quand elle fait fuir les siens vers les pays voisins ? Les médecins français sont les moins bien rémunérés d’Europe. Où voulez-vous aller chercher de la main d’œuvre médicale ? Hors d’Europe ? Par quel altruisme nous octroyons-nous le droit de spolier de la main-d’oeuvre médicale dans des pays qui en ont également besoin ? Vous souhaitez proposer une passerelle pour les infirmiers (IDE) qui souhaiteraient reprendre des études de médecine. Dont acte, mais savez-vous que la France manque également drastiquement d’IDE et d’aides-soignants ?

  • Vous semblez méconnaître le sujet de la continuité des soins car vous assimilez le SAS et la PDSA. Ce sont 2 choses distinctes. Pouvons-nous vous rappeler par ailleurs, que 95% du territoire est couverte par la PDSA soir et week-end ? L’obligation de PDSA, n’est donc malheureusement qu’un effet d’annonce, qui provoquera encore la fuite de nombreux médecins.
  • Vous souhaitez libérer du temps médical, augmentant d’avantage le nombre d’assistants médicaux. Mais savez-vous que les médecins libéraux ne peuvent financièrement en embaucher, sauf à dépendre une fois de plus des subventions de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM). Cessons l’assistanat, et laissez les médecins embaucher grâce à leur chiffre d’affaire en permettant leur revalorisation conséquente, car oui, un des principaux freins à cette embauche aujourd’hui, est cette dépendance à la CNAM que nous voulons diminuer.

  • Vous évoquez enfin la « taxe lapins ». Nous en sommes heureux. Reste à voir comment celle-ci va s’articuler. Sera t-elle une rémunération uniquement dédiée à la CNAM, ou partagée avec le médecin qui perd en chiffre d’affaire ?

Vous semblez être touché par le sort des agriculteurs, qui, vous dites, « représentent les valeurs fondamentales de notre société : travail, effort et liberté d’entreprendre ». Sachez que le médecin libéral pourrait avoir la même maxime, car oui c’est un entrepreneur en santé, qui travaille en moyenne 55h par semaine, qui a une indépendance professionnelle, et qui doit avoir une liberté d’entreprendre.

Vous souhaitez un « travail qui paie mieux », cependant le secteur de la santé ne semble pas concerné par ce souhait, puisque seul ce domaine n’a pas bénéficié d’une revalorisation au niveau de l’inflation ces 10 dernières années.

Enfin vous dites parler au nom des « Français qui ont le sentiment d’avoir tous les devoirs quand les autres ont tous les droits », « qui ont le sentiment que les décisions se prennent sans eux ». Il semblerait que vous parliez des soignants, et particulièrement des soignants libéraux de ville ! Oui, tout comme vos collègues et prédécesseurs, vous nous avez probablement applaudi tous les soirs à 20h durant un an, en 2020. Vous nous avez soutenu dans cette période difficile, pendant que nous faisions notre devoir et travaillions en donnant de nous-mêmes voir de notre vie pour certains. Mais maintenant vous nous pointez du doigt, et souhaitez nous faire travailler encore plus dans des conditions toujours plus précaires, sans aucune considération.

Alors, acceptez de remettre en cause vos certitudes, changez de vision et écoutez les acteurs de terrain. Echangeons ensemble pour apporter des solutions.

Dr Mélanie RICA-HENRY, présidente de Médecins Pour Demain

Semaine du 15 janvier 2024 : discours présidentiel et focus : quand Macron rime avec capitation ; report de la multilatérale du 25/01 au 08/02

Voici une synthèse de cette semaine du 15 janvier 2024.

Tout d’abord, prise de parole d’Emmanuel Macron, Président de la République, mardi soir lors de sa conférence de presse où le sujet de la santé a été largement évoqué. Il a notamment abordé la rémunération des médecins libéraux qu’il souhaite être autour du patient et non plus à l’acte. Il ne l’a pas nommé, mais c’est de la capitation.

La capitation existe déjà dans les pays anglo-saxons, et dans le fameux NHS, que le gouvernement français prend pour modèle. 

Depuis le début Médecins Pour Demain, est contre cette capitation.

Pourquoi ? 

  • Parce que c’est néfaste pour l’accès aux soins des Français : effectivement, la capitation incite les médecins à avoir une grosse patientèle : les délais de consultation vont donc s’allonger, ils ne pourront plus suivre correctement leurs patients. Nous rappelons qu’au Royaume-Uni, il faut 13 semaines pour pouvoir consulter un médecin généraliste !
  • Pour les médecins, la capitation est un salariat caché mais les médecins libéraux gardent leur statut de profession libérale : il y aura toujours les charges, le secrétariat, les locaux à payer. En revanche ils ne seront plus maîtres de leur rémunération.

Nous vous rappelons que dans le code de déontologie, le médecin doit avoir une indépendance professionnelle. Avec la capitation, ça ne sera plus le cas.

Cette semaine avaient lieu deux focus : le travail en équipe et les spécialités chirurgicales / de bloc.

Nous avons pu participer au focus sur le travail en équipe, grâce à Moktaria Alikada qui nous a représentée sur invitation de l’UFML.

Durant cette réunion, la CNAM est revenue sur la simplification administrative que tout le monde souhaiterait. Mais le sujet essentiel abordé lors de cette réunion est le PEPS.

Qu’est-ce que le PEPS ? C’est le paiement en équipe de professionnels de santé. Il s’agit donc de la capitation au niveau d’une équipe pluriprofessionnelle.

On voit donc à nouveau que la capitation leur tient à cœur…

Les équipes de soins seraient payées en fonction du nombre et du profil de leurs patients. Ensuite, charge à eux de répartir les rémunérations entre les différents professionnels de l’équipe qui s’occupe du patient.

La CNAM a voulu en faire la promotion, mais on sent bien qu’il y a une volonté politique derrière. 16 maisons de santé pluriprofessionnelles ont participé à une expérimentation du PEPS mais 13 en sont sorties puisque ce mode de rémunération n’était pas viable, ni financièrement ni techniquement.

Cette expérimentation est donc un échec. Pourtant la CNAM tente de promouvoir ce nouveau mode de rémunération.

Heureusement, tous les syndicats ont refusé cette proposition.

On notera tout de même que la CSMF a refusé seulement à demi-mots, mais tous les syndicats ont fini par refuser ce type de rémunération, ce qui est un point positif.

Le deuxième focus, était pour les spécialités de bloc. Nous n’y étions pas, mais nous pouvons vous dire qu’il a été à nouveau évoqué la diminution du nombre de médecins et l’augmentation du nombre de médecins en secteur 2 dans ces spécialités. C’est logique puisqu’il y a des problèmes de rémunération en secteur 1.

Nous en revenons toujours au problème d’attractivité de la profession.

Dernier sujet : nous venons d’apprendre que la multilatérale (négociation avec tous les syndicats) prévue la semaine prochaine (le 25 janvier) a été décalée au 8 février prochain.

Nous sommes déçus et en colère, car nous attendions avec impatience cette multilatérale, puisque Thomas Fâtome avait promis qu’il nous donnerait des propositions chiffrées de la CNAM.

Nous espérons qu’il s’agisse simplement d’un problème de calendrier avec le remaniement ministériel récent…

Nous vous tiendrons au courant des discussions avec les différents syndicats, dès que nous aurons des nouvelles.

Nous vous rappelons enfin que nous avons relancé les adhésions à Médecins Pour Demain pour 2024 . N’oubliez donc pas de réadhérer si ce n’est pas encore fait. Ceux qui ne sont pas encore adhérents, n’hésitez pas à le faire. Nous en avons besoin pour nos déplacements et nos médiatisations ainsi que pour rester représentatifs aux yeux des politiques et des médias.

Résumé du focus « Travail en équipe » du Dr Moktaria Alikada, secrétaire de Médecins Pour Demain :

Vidéo récapitulative du Dr Mélanie Rica Henry, Présidente de Médecins Pour Demain :