Passage en force du PLFSS (Projet de Loi du Financement de la Sécurité Sociale)

Petit florilège de ce qui est passé grâce au 49.3 le 26/10/2022 (tiré d’un article d’Egora).

En bref :

  • Régulation à l’installation (article 22)
  • Rédaction des certificats de décès par les infirmières (article 22bis)
  • Une quatrième année d’internat de médecine générale, en priorité dans les déserts (article 23)
  • La PDSa étendue aux infirmières, sages-femmes et chirurgiens-dentistes (article 24 bis)
  • Accès direct pour les infirmières en pratique avancée (article 24 ter)
  • Régulation de l’intérim (chapitre V)
  • Coup de rabot sur la biologie médicale (article 27)

Si nous rentrons dans les détails …

  • Régulation à l’installation (article 22)

    Alors que deux professions – les infirmières libérales et les masseurs-kinésithérapeutes – font actuellement l’objet d’une régulation à l’installation sur le principe « une arrivée pour un départ », cet article pose un cadre commun en renvoyant au débat conventionnel la possibilité de conditionner le conventionnement d’un professionnel à sa formation, à son expérience et « aux zones d’exercice ». Les syndicats de médecins, y voyant une possible atteinte à la liberté d’installation, y sont opposés.
  • Rédaction des certificats de décès par les infirmières (article 22bis)

    « À titre expérimental, pour une durée d’un an, l’État peut autoriser les infirmières et les infirmiers à signer les certificats de décès », prévoit cet article. La rémunération forfaitaire, qui sera fixée par arrêté, sera prise en charge par le Fonds d’intervention régional (FIR). Un décret doit préciser les modalités de cette expérimentation.
  • Une quatrième année d’internat de médecine générale, en priorité dans les déserts (article 23)

    Les manifestations et grèves des étudiants en médecine n’ont pas réussi à faire infléchir le Gouvernement : le DES de médecine générale doit être rallongé d’une année pour les étudiants débutant leur internat à la rentrée 2023. Les stages ambulatoires seront réalisés « en autonomie supervisée » prioritairement dans les zones médicalement sous-denses. « Le cas échéant, la rémunération des étudiants peut faire l’objet d’aménagements spécifiques tenant compte des conditions d’exercice de stage, lesquels sont déterminés par décret », stipule cet article.
    Vent debout contre le passage en force du Gouvernement, les internes promettent de se « battre jusqu’au bout », espérant que la navette parlementaire leur sera favorable.
  • Guichet unique d’accompagnement à l’installation (article 24)

    Pour faciliter l’installation des médecins sur les territoires, le PLFSS 2023 prévoit de créer un « guichet unique départemental d’accompagnement à l’installation ». Le même article permet aux ARS de conclure un contrat de début d’exercice avec un médecin remplaçant ou un interne.
  • La PDSa étendue aux infirmières, sages-femmes et chirurgiens-dentistes (article 24 bis)

    Face aux pressions des élus réclamant un rétablissement de l’obligation de garde des médecins libéraux, la majorité a introduit un amendement étendant « la responsabilité collective » de la permanence des soins aux chirurgiens-dentistes, aux sages-femmes, et aux infirmiers libéraux.

  • Accès direct pour les infirmières en pratique avancée (article 24 ter)

    « Pour une durée de trois ans et à titre expérimental, l’État peut autoriser les infirmiers en pratique avancée à prendre en charge directement les patients dans le cadre des structures d’exercice coordonné », prévoit ce nouvel article, ajouté en commission des Affaires sociales en réponse à une demande forte des infirmières. Trois régions participeront à cette expérimentation, dont les modalités seront définies par décret.
  • Consultations avancées dans les déserts (article 24 quater)

    Autre ajout de la commission, cet article confie une nouvelle mission obligatoire à l’Ordre des médecins dans le cadre d’une expérimentation de trois ans : organiser des consultations de médecins généralistes et spécialistes dans les zones sous-denses, « dans un lieu différent du lieu d’exercice habituel de ces médecins ». En plus de la rémunération à l’acte, ces consultations bénéficieraient d’une rémunération complémentaire via le FIR.
  • Régulation de l’intérim (chapitre V)

    Les établissements de santé ne pourront recourir à des intérimaires qui ne justifient pas d’une durée minimale d’exercice (qui sera définie par décret) hors entreprise de travail temporaire. Cette mesure vise à interdire aux jeunes diplômés médecins, chirurgiens-dentistes, pharmaciens, sages-femmes ou paramédicaux de débuter leur carrière par de l’intérim.
  • Coup de rabot sur la biologie médicale (article 27)

    « Faute d’accord » signé avant le 1er février 2023 par les partenaires conventionnels, le Gouvernement imposera par arrêté des baisses de tarifs sur les actes courants de biologie « dès 2023 » à hauteur de 250 millions d’euros. Une mesure d’économie justifiée par les bénéfices engrangés par le secteur en 2020 et 2021 grâce au dépistage du Covid. Redoutant un « coup de rabot » renouvelé en 2024, 2025 et 2026, les biologistes ont débuté un boycott de la transmission des résultats des tests Covid sur la plateforme Sidep.
  • Agrément des sociétés de téléconsultation (titre 8)

    Seules les sociétés qui ont obtenu un agrément ministériel pourront demander à l’Assurance maladie la prise en charge des actes de téléconsultations réalisés par les médecins qu’elles salarient.
  • Limitation de l’indemnisation des arrêts de travail en téléconsultation (article 43)

    Pour lutter contre les abus, le PLFSS prévoit que les arrêts de travail prescrits à l’occasion d’une téléconsultation ne donnent lieu au versement d’IJ que si l’incapacité physique a été constatée par le médecin traitant du patient ou par un médecin qui l’a reçu en consultation au cours de l’année écoulée.

    Vivement décrié par les médecins, l’amendement imposant que les téléconsultations soient réalisées par le biais d’une maison de santé, d’une officine ou d’une collectivité, c’est-à-dire en présence d’un professionnel de santé, n’a pas été retenu.

Et aussi…

Expérimentation d’un dépistage néonatal systématique de la drépanocytose, prolongation de l’expérimentation du cannabis thérapeutique, remise au Gouvernement d’un rapport sur les ratios minimal de soignants en Ehpad, accroissement des contrôles des Ehpad…

Note du mouvement Médecins Pour Demain :

Nous sommes bien évidemment opposés à la plupart de ces mesures, qui utilisent les étudiants et jeunes médecins comme des pions, qui ne règleront pas le problème du manque de médecins sur tout le territoire et qui, au lieu de nous soulager du temps administratif pour gagner du temps médical, transfèrent nos actes médicaux…

Contre le démantèlement de la médecine générale, unissons-nous : tous ensemble avec les Médecins pour Demain, en grève les 1er et 2 décembre 2022 !

2 réflexions sur « Passage en force du PLFSS (Projet de Loi du Financement de la Sécurité Sociale) »

  1. Bonsoir ,
    Vous avez bien analysé le traquenard qui est tendu aux libéraux. Le PLFSS 2023 est l’aboutissement d’une campagne de dénigrement des MG qui a été très bien orchestrée par les différentes « autorités ».
    On confie à l’Ordre la greffe de MG dans des territoires sous denses (c’est à dire partout) mais on autorise les ARS à être le guichet unique à l’installation alors que c’est la mission… de l’Ordre. Les jeunes médecins seront conditionnés tout de suite à être de bons petits agents sanitaires.
    Réguler l’installation est une très bonne idée pour qu’il n’y ait plus que des secteurs 3. On sera enfin payés aussi bien que les ostéo ou autres « thérapeutes » et on aura fini d’être les DRH des cas sociaux.
    Le certificat de décès est bien un acte médical sinon c’est un faux.
    La 4è année sera administrative pour être breveté pilote de logiciel sécu.
    La téléconsultation va faire tourner les machines ordofric à plein régime.
    En 32 ans de pratique j’en ai vu des coups tordus mais celui- là est bien monté.
    J’espère que allez arriver à atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés. Ce sont les mêmes que les miens. Hélas l’expérience a prouvé qu’il se trouve toujours un syndicat pour signer une convention et trahir tout le monde sous prétexte de limiter la casse. MG France par exemple ou même la CSMF dont j’ai connu l’ancien président menteur au moment de la grève des gardes en 2001 (son grand ami directeur de la CNAM lui a trouvé une place….quant à nous regardez où on en est pour la PDSA , entre autres…)
    En tout cas je partage depuis longtemps ce que vous voulez défendre. bravo pour votre initiative et pour faire renaître l’espoir d’exercer une bonne médecine.
    Confraternellement.

  2. Bonjour.
    Voici quelques commentaires d’un presque retraité.
    1) Je partage totalement ce que vous voulez défendre et l’analyse de Marty Denis ci dessus. J’ajoute qu’en 2006 j’ai suivi l’enseignement en économie de la santé au CNAM (arts et métiers, pas assurance maladie), dirigé par Jean de Kervasdoué, et que les intervenants m’ont bien éclairé sur les objectifs de l’administration du ministère de la santé. Anciens directeurs de la DHOS, anciens directeurs des hôpitaux, anciens directeurs de cabinets ministériels ou de l’assurance maladie, tous avaient comme unique mantra de garrotter l’exercice libéral au nom de l’a réduction des dépenses.
    2) Il est un argument avancé à l’encontre de la consultation à 50 euro : les patients n’ont pas tous les moyens de payer cette somme.Mais la solution est simple: il suffit d’élever le seuil d’attribution de la CMU et plus de personnes seront protégées.
    3) Je suis malheureusement très pessimiste sur l’issue de cette négociation car les dés sont pipés. En effet les syndicats finissent toujours par signer car leur survie en dépend. En effet en échange de leur signature ils reçoivent un financement très important (plusieurs millions d’euros) ce qui leur permet de vivre en l’absence de cotisations. Aucun collectif qui n’est pas un syndicat enregistré ne peut lutter contre cela.
    Il reste aux médecins à refuser la convention. Mais c’est difficile. Le déconventionnement sera l’ultime solution.

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